Cinéma : “Les Hirondelles de Kaboul” de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, en salles le 4 septembre

ARTNEWSPRESS: Été 1998, Kaboul est occupée par les talibans. Malgré la violence et la misère, Mohsen et Zunaira, un jeune couple, veulent croire en l’avenir. Mais un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.

Extrait d’entretien avec Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec*

Comment est né ce projet ?

Zabou Breitman : En 2012, le producteur Julien Monestiez est venu me voir avec un scénario adapté du roman Les Hirondelles de Kaboul, de Yasmina Khadra et Les Armateurs (producteur notamment des Triplettes de Belleville et d’Ernest et Célestine) était d’accord pour en tirer un film d’animation. Est-ce que cela m’intéressait ? Oui, l’idée me plaisait énormément, mais à condition que ce soit à ma manière : c’est-à-dire que les personnages soient portés par le jeu des acteurs au lieu que les comédiens soient au service de gestuelles ou de mimiques préétablies. Je l’ai dit d’emblée : il faudra que ça soit très bien joué. Pas seulement bien parlé, mais que les mouvements des personnages, leur rythme, leur respiration, soient justes. Les Armateurs ont lancé un casting de graphistes. On s’est mis à regarder des dossiers où les candidats avaient planché sur les personnages.

Éléa Gobbé-Mévellec : On nous a adressé le scénario en nous demandant de proposer une direction artistique et un graphisme complet. Je connaissais Didier Brunner, qui était alors aux Armateurs, j’avais été dessinatrice d’animation sur Ernest et Célestine et je développais un projet personnel de long métrage que Didier suivait. Il m’a demandé de réfléchir aux Hirondelles de Kaboul…

Zabou Breitman : Il y avait beaucoup de candidats, il fallait choisir. Ils proposaient des choses très différentes. C’était important de voir quelle proposition rendait le projet viable. L’hyperréalisme de jeu, de sentiment, de comportement que je cherchais, et qui n’est pas du naturalisme, n’exigeait pas forcément un hyperréalisme du trait. Au contraire.

Éléa Gobbé-Mévellec : J’ai rendu des planches avec des décors ou des personnages seuls, et puis avec les deux ensemble. J’ai choisi une colorimétrie, et une manière de dessiner en adéquation avec le propos avant tout.

Zabou Breitman : On s’est retrouvé à la fin avec deux dossiers, signés de deux femmes. Ce qui m’a énormément plu dans le travail d’Éléa, c’est d’abord la façon dont était traitée la lumière : explosée, surexposée, avec de la poussière. D’ailleurs, on t’a redemandé des vues de Kaboul. La ville était là et se dérobait en même temps, ce qu’on retrouve aujourd’hui : les traits disparaissent avec le soleil ou ne vont pas jusqu’au bout. Je trouvais ça magnifique. Et puis il y avait une image précise qui m’a fait dire que c’était toi : le dessin d’un taliban en train de fumer un pétard et qui portait une paire de Ray-Ban. On restait dans l’aquarelle, mais avec ce guerrier hostile qui nous regarde de derrière ses Ray-Ban et son pétard. Je me suis dit, voilà, c’est ça, Les Hirondelles de Kaboul. En plus j’aimais bien qu’Éléa soit très jeune…

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