[CRITIQUE] : Black Christmas

Réalisatrice : Sophia Takal
Acteurs : Imogen Poots, Aleyse Shannon, Lily Donoghue,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : –
Genre : Epouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain, Néo-Zélandais.
Durée : 1h33min.

Masoome Rostami – Artnewspress: Sur un campus universitaire, lors des vacances de Noël, des filles de la confrérie sont les proies d’un tueur en série

Chaque fois que l’on se pense débarrassé de ces reboot de slasher sans âme et sans intérêt, un petit nouveau pointe le bout de son nez et nous fait nous dire comme les vieux cons que nous sommes probablement, que « bordel, c’était quand même mieux avant ». Black Christmas (1974) considéré par beaucoup comme le premier slasher de l’histoire et l’un des plus illustre représentant du genre était déjà passé une première fois à la moulinette en 2006, et voilà qu’on remet ça. L’excitation nous enivre évidemment, et les pensées de joie et d’allégresse nous assaillent de toutes part, en bref : Youpi. Finalement, si le film est raté et risible par bien des aspects, il a pour lui d’avoir pour base une vraie idée à laquelle il se dévouera totalement en laissant la subtilité loin derrière dans son sillage. Et si ça n’en fait pas un bon film, ça lui confère un petit surplus d’âme qui manque à beaucoup des productions actuelles du genre.

Cette idée, elle est simple, c’est de faire un slasher 100% féministe. Pas un bout de film, pas un dialogue, pas un plan n’est destiné à autre chose qu’à parler de ça, et ça confère déjà au film une ligne directrice claire et extrêmement bien tenue, il s’abstient de toute digression et c’est en conséquence d’une fluidité admirable qui rend le film plutôt agréable à suivre. Et dans cette optique, le film oscille entre le nanardesque franchement grossier et les idées plutôt inspirées. Il y a chez la réalisatrice et scénariste Sophia Takal une véritable envie de normaliser la prise de la parole chez les femmes victimes de violences et de les faire sortir de cette position de victimes justement, de faire changer la honte de camp, et surtout de montrer les résistances qui s’affichent dans une société américaine profondément ancrée dans les valeurs patriarcales. C’est fait à coup de grosses métaphores bien juteuses, mais c’est surtout absolument jusqu’au-boutiste dans sa démarche jusque dans un final entre le jouissif et le ridicule.

Tenter ce genre de choses dans un slasher sur un campus universitaire est plutôt malin, le film a la possibilité de convoquer tous les archétypes d’étudiants américains pour grossir les traits sans trop perturber le spectateur et de mettre certains codes du genre au service de son propos. Mais c’est aussi extrêmement casse gueule.

Black Christmas (2019) n’est pas un bon slasher. Et ce n’est même pas une bonne parodie de slasher. C’est un mauvais film d’horreur, l’intrigue est constamment hyper prévisible, des dialogues probablement écrits au premier degré sont tellement grossiers qu’ils en deviennent hilarants et surtout il souffre énormément de l’autocensure qu’il s’est infligé pour obtenir la classification PG-13. On voit les cicatrices du montage, pas un meurtre rigolo à se mettre sous la dent : que dalle, et c’est frustrant. Asséner un message aussi important et virulent ne devrait pas aller sans épouser le genre dans lequel on essaie d’inscrire son histoire, une posture si engagée ne devrait pas avoir à composer avec aucune forme de censure.

Parce que ce qu’il en résulte, c’est que le film ne sera jamais pris au sérieux, il se fondera dans la masse des films d’horreur adaptés pour un publique adolescent, et énervera les adeptes du genre qui se braqueront et resteront hermétiques à ce que cherche à raconter le film.
Et au final, c’est un métrage qui prêchera uniquement les convertis et qui donne l’impression de majoritairement enfoncer des portes ouvertes. Je pense sincèrement que si un film veut délivrer un message, c’est ce dernier qui doit s’effacer et se fondre dans le film, et non pas le contraire, et que c’est là le plus grand échec de l’œuvre.

 

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Kevin B

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