[CRITIQUE] : Les Filles du Docteur March

ARTNEWSPRESS: Les Filles du Docteur March

Réalisatrice : Greta Gerwig
Acteurs : Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh, Eliza Scanlen, Laura Dern, Meryl Streep, Thimothée Chalamet, Louis Garrel, Bob Odenkirk, Chris Cooper,…
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : –
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h15min

Synopsis :

Une nouvelle adaptation du classique de Louisa May Alcott, narrant l’histoire de quatre filles de la classe moyenne durant la Guerre de Sécession.

Critique :

La question restait entière : même si l’on aime sincèrement Greta Gerwig, et encore plus depuis que l’on à la certitude qu’elle n’est pas uniquement une actrice talentueuse mais bel et bien, également, une cinéaste en devenir qui a de jolies choses à dire, que pouvait bien nous apporter une nouvelle mise en images du classique indémodable de Louisa May Alcott, Les Quatre Filles du Docteur March
Si sur le papier, le doute d’une simple relecture purement commerciale pouvait clairement pointer le bout de son nez, à l’écran en revanche, il n’est plus permis tant Greta Gerwig signe une version merveilleusement chaleureuse, drôle et sincère d’une histoire pourtant connu de tous, justifiant et légitimant même son entreprise avec une assurance étonnante, en capturant avec maestria la sentimentalité des écrits autobiographiques de Louisa May Alcott, comme peu ont su le faire jusqu’à aujourd’hui.

Tout en légèreté, Gerwig nous fait revivre cette histoire en se la réappropriant avec simplicité, prenant des décisions plus ou moins importantes mais réfléchies qui améliorent grandement l’histoire, jonglant avec la chronologie tel une funambule habile (on virevolte sans gêne au coeur des différentes décennies), pour donner à certains personnages une présence plus accrue et salutaire (ou totalement inédite, comme le personnage de Friedrich, qui passe de mentor paternel-soupirant de Jo, à un personnage clairement plus jeune).
Car c’est bien là l’importance au fond, cette histoire nous la connaissons déjà depuis (presque) toujours, tant on chérit même plus que de raison certaines de ses adaptations (personnellement, j’adore celle dirigée par Gillian Armstrong avec la merveilleuse Winona Ryder dans le rôle de Jo), et ce qui importe ici, c’est la façon dont Gerwig nous la raconte, et elle la raconte merveilleusement bien.
Si la plupart des mises en images du roman ont eu une furieuse tendance à se concentrer majoritairement sur Jo, cette fois nous avons la joie d’en apprendre un peu plus sur Amy, Meg et même Beth, renforçant de facto l’empathie mais surtout le romantisme organique de l’oeuvre et les couples formés par la suite dans le métrage.

Ce regard plein de vitalité et même cette renaissance humaine et authentique, Gerwig l’apporte à tous les strates de sa réalisation, transcendant ce film de passage à la vie d’adulte chorale pour en faire un vrai drame fait d’amour, de gentillesse, de rivalités et d’unions entre soeurs, d’ode à la famille et même de nostalgie de l’enfance, ou la verve feministe distinguée du roman d’origine, sur ses femmes luttant contre le plafond de verre du paternalisme du XIXe siècle, s’en trouve célébré avec grâce.
Une empathie et une affection totale pour les héroïnes de la part de Gerwig, qui ne les rendent que plus belles à l’écran, accentué par son traitement d’une équité exemplaire : Meg (Emma Watson, sublime) est à la fois une rêveuse touchante et une réaliste compatissante, Amy (Florence Pugh, fantastique) n’est pas tant une cadette envieuse qu’une jeune femme au cynisme prématuré et ravageur, tandis que Beth (Eliza Scanlen, déchirante) est un modèle de douceur et d’abnégation là ou Jo (Saoirse Ronan, solaire) est une femme farouchement opiniâtre et débordante d’énergie.
Même les passages obligés s’en trouvent meilleurs, Gerwig et le directeur de la photographie Yorick Le Saux reflètant avec justesse l’atmosphère aimante de leur adolescence, enlacée dans la chaleur des ambitions coupées des attentes du monde, avant de les catapulter dans la froideur de la dure réalité.

Fidèle et bienveillant, féminin et féministe (avec une observation organique et nécessaire sur la condition féminine et l’attitude masculine envers elles), un brin méta mais avant tout et surtout follement énergique et optimiste, Les Filles du Docteur March est un regard affûté, lumineux et aimant sur une histoire intemporelle, de la part d’une cinéaste talentueuse qui y apporte suffisamment de modernité et d’elle-même, pour rendre sa vision unique et merveilleuse.

Sans doute la plus belle et sensible à ce jour.

https://fuckingcinephiles.blogspot.com

John Chevrier

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