Dans les coulisses de Last Christmas, la comédie pas si romantique de Paul Feig

ARTNEWSPRESS: INTERVIEW – Le réalisateur, aux héroïnes qui ne regrettent rien, signe avec Emma Thompson une comédie romantique inspirée des tubes de George Michael. L’occasion de pimenter la formule.

Ne vous étonnez pas si vous entendez encore plus que d’habitude, lors de ces fêtes de fin d’année, le classique de George Michael Last Christmas. L’emblématique titre a inspiré à Emma Thompson une comédie romantique rugueuse et piquante, à découvrir en salle depuis ce mercredi. Last Christmas met en scène la rencontre en plein Brexit et préparatifs de Noël, de Kate, jeune femme cynique et irresponsable, avec son opposé, Tom. Dans les rues enneigées de Londres, ils vont débattre, se provoquer mais aussi peut-être trouver la paix dans une idylle faussement fleur bleue, comme nous l’explique son irrévérencieux réalisateur, Paul Feig qui a concocté un dénouement vraiment surprenant.

LE FIGARO. – Last Christmas est votre deuxième film de Noël après Enfants non accompagnés. Vous êtes fan du genre?

Paul FEIG. – Après Enfants non accompagnés, j’avais juré qu’on ne m’y reprendrait plus! Je n’aime pas me répéter. Mais vous ne pouvez pas dire non à un script d’Emma Thompson. Je rêvais de collaborer avec elle et j’avais dû renoncer à la diriger dans la comédie Late Night. La fin de Last Christmas m’a complètement surpris et je suis toujours ravi de déjouer les codes du genre. J’ai besoin de secouer les choses. Dans une comédie romantique, vous ne pouvez pas concocter une fin tragique, mais vous n’avez pas forcément besoin d’un happy end du moment que vos héros sont mieux dans leur peau. Je ne voulais pas d’une histoire qui tourne uniquement autour d’un couple, d’un prince charmant qui guérit les blessures émotionnelles de sa dulcinée. Tom et Kate sont deux âmes sœurs excentriques. Ils se guident mutuellement et doivent trouver en eux-mêmes la volonté de s’en sortir.

Un autre endroit où l’on reconnaît votre patte est votre héroïne. Kate est impulsive, égoïste, en roue libre comme l’abrasive Annie de votre comédie politiquement incorrecte. Mes meilleures amies.

On découvre Kate au plus bas. C’est rare de pouvoir montrer un personnage féminin si imparfait dès l’ouverture d’un film. C’est cela qui m’attire, Kate est difficile à aimer, elle s’en prend à tout le monde. Kate est traumatisée et projette ses problèmes sur ses proches. Elle a désespérément besoin de compassion et de se redresser. Last Christmas est le récit d’une épreuve du feu. Un appel à surmonter ses peurs, son complexe d’infériorité, à savoir pardonner et être moins rude avec votre famille.

Tom a une devise «Regarde en haut». Qu’est-ce que cela signifie pour vous?

Nous portons désormais en permanence avec des œillères sur le monde. Nos yeux sont rivés sur nos téléphones. Ces objets sont essentiels mais ils nous empêchent aussi d’être présents et d’apprécier ce qui se passe autour de nous. Si on garde la tête en l’air, on découvre plein de choses.

Étiez-vous conscient qu’Emilia Clarke qui a souffert de deux anévrismes avait, comme son personnage, frôlé la mort?

Je suis fan de son travail sur Game of Thrones et j’avais demandé à la rencontrer. Je la percevais comme une actrice studieuse et très sérieuse, mais j’ai découvert quelqu’un de rigolo débordant d’énergie avec un humour fou. J’ai su que je devais la faire jouer dans une comédie et il m’a fallu quatre ans pour trouver le bon projet. Last Christmas était la parfaite combinaison entre rires et drame et l’occasion de montrer au spectateur ce que j’avais vu chez elle. J’ignorais alors tout de ses problèmes de santé. Elle m’en a parlé juste avant le tournage lors d’un déjeuner. Cela explique pourquoi elle s’identifiait aussi profondément avec Kate.

Vous avez eu une bonne intuition en confiant le rôle masculin à Henry Golding. C’est le nouveau prince de la comédie romantique à Hollywood, avec le succès de Crazy Rich Asians.

J’avais travaillé avec Henry sur L’ombre d’Emily, mon précédent film. Il sait être si drôle, Tom lui ressemble vraiment. Mais au moment de lui confier ce rôle, Crazy Rich Asians n’était pas encore sorti en salle. Les studios me disaient: «on ne le connaît pas, on veut une star». Aujourd’hui, tout le monde se l’arrache, j’ai eu de la chance de le croiser au début de sa carrière. C’est grâce à lui que j’ai rencontré Michelle Yeoh et que j’ai pu lui demander de jouer la patronne de Kate dans Last Christmas

Êtes-vous désormais incollable sur la discographie de George Michael?

J’adore ses tubes Freedom ou Have a Little Faith mais Last Christmas m’a fait découvrir j’ai le reste de sa discographie. C’est une mine d’or et montrer au public un George Michael inattendu a été un vrai moteur.

https://lefigaro.fr

Constance Jamet

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