J.J. Abrams : «Dans un siècle, on parlera encore de Star Wars»

Nazia Barani – Artnewspress: Rencontre avec J.J. Abrams, réalisateur des épisodes VII et IX de la saga, qui revient sur les difficultés de boucler un cycle entamé il y a 42 ans.

Un Maître Jedi, et l’un des nouveaux maîtres d’Hollywood. Grand fan durant son enfance des films de Steven Spielberg ou Georges Lucas, J.J. Abrams, 53 ans, s’est d’abord illustré sur le petit écran avec ses séries – « Alias » ou « Lost » – avant de briller sur le grand avec « Mission : Impossible 3 », « Cloverfield », la relance de la saga « Star Trek », puis celle de « Star Wars », avec l’épisode VII, « Le Réveil de la Force » (2015) puis « L’Ascension des Skywalker », épisode IX et final en salles depuis mercredi Nous l’avons rencontré jeudi dans un palace londonien.

Comment avez-vous réussi à clore cette saga mythique ?

J.J. ABRAMS. Mon ambition était de synthétiser les éléments forts des huit films précédents dans celui-là, en se demandant, sans cesse : qu’est-ce qu’on a envie de ressentir, de voir, à côté de quoi n’a-t-on pas le droit de passer ? Et en n’oubliant jamais de se remettre en question : je détiens un poster original avec le titre « La revanche du Jedi ». Au dernier moment, George Lucas n’a, à l’époque, pas hésité à changer le titre du film en « Le retour du Jedi » (NDLR : l’épisode VI qui date de 1983), même si les affiches étaient déjà imprimées. Ne jamais renoncer à tout bousculer si c’est pour de bonnes raisons !

Dans « L’Ascension de Skywalker », de nombreux personnages du passé, même morts, reviennent…

Star Wars est un univers « étendu », des personnages sont revenus d’entre les morts plusieurs fois, les fantômes hantent la saga depuis l’origine. Je me souviens de conversations avec le scénariste Lawrence Kasdan en 2015 à propos de la nouvelle trilogie que nous étions en train d’imaginer. Nous marchions dans les rues de Paris, c’était merveilleux, et nous réfléchissions à voix haute sur ce que devaient contenir les futurs épisodes VII, VIII et IX. Pour nous cette trilogie devait être dans la continuité des deux précédentes.

Chaque raconteur d’histoire avance à sa manière. Ce que Rian a fait avec l’épisode VIII était très différent de la manière dont j’avais envisagé les choses avec le VII, puis il s’est trouvé qu’on m’a confié la réalisation de cet ultime film, ce qui n’était pas prévu. Nous avons fait des choix différents, mais au final, il y a une alchimie entre ces trois films.

Vous auriez pu vous contenter de compiler les références pour cet ultime film, mais vous avez créé de nouveaux personnages marquants…

Sans nouveau héros, sans nouvelle créature, sans nouveau robot, ce ne serait pas un vrai épisode de « Star Wars ». Imaginer la mercenaire Zorri Bliss m’a permis de proposer le rôle à la comédienne Keri Russell, qui a été l’héroïne de ma série « Felicity » et que je n’avais pas dirigé depuis « Mission : Impossible 3 » en 2006. J’ai eu des hésitations à la filmer sans son casque, mais on avait tous envie de voir ses yeux incroyables… et c’est un moment fort du film.

Comment cette saga est-elle devenue si puissante dans l’inconscient collectif ?

George Lucas a créé une mythologie moderne d’une puissance inouïe. Quand vous y réfléchissez, vous découvrez que depuis quarante ans, les références à Star Wars dans la vie quotidienne sont permanentes, et dans le monde entier. Je pense que dans un siècle, on parlera encore de « Star Wars ». C’est, à mon sens, grâce aux messages qui sont induits dans la première trilogie, sur l’héritage que l’on laisse à nos enfants, les responsabilités que l’on a vis-à-vis d’eux, l’attention que l’on doit porter, pour eux, à l’équilibre entre les côtés lumineux et obscurs de la Force – le Bien et le Mal.

Vous aviez réintroduit, dans « Le Réveil de la Force », ces paysages naturels époustouflants, ce que vous poussez encore ici. Pourquoi y tenez-vous tant ?

Il s’agissait de finir en beauté, d’offrir un très grand spectacle aux spectateurs. Or l’essence de « Star Wars » tient aussi, selon moi, à ces paysages désertiques ou enneigés somptueux.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que Disney a gâché, voir détruit la saga et les intentions de George Lucas ?

Je suis très impliqué dans la trilogie qu’a lancée Disney en 2015, donc je ne suis pas certain d’être le mieux placé pour répondre. Au lieu de défendre mon propre travail, je dirais juste ceci : la série dérivée de « Star Wars » « The Mandalorian » (NDLR : réalisée par Jon Favreau) a été créée sous l’impulsion de Disney pour lancer sa plateforme Disney +, or tout le monde s’accorde à dire que cette série relance la saga d’un point de vue visuel, créatif, scénaristique… Tout le contraire d’une destruction.

Vous venez de signer un accord énorme avec Warner média, qui implique que vous allez travailler sur plusieurs séries et films. Une rumeur vous annonce aux commandes du prochain « Superman ». Vous confirmez ?

Plusieurs projets sont prévus, c’est vrai. Mais pour ce qui est de « Superman », je n’ai encore eu aucune discussion avec eux. Instinctivement, je préférerais toujours travailler sur des idées originales, de nouveaux héros. Maintenant, envisager Superman – qui était mon superhéros favori quand j’étais enfant – d’un nouveau point de vue me paraît intéressant.

Vous êtes triste de dire adieu à « Star Wars » ?

La seule tristesse vient du fait de quitter cette incroyable troupe de comédiens avec qui j’ai travaillé, et que j’espère retrouver pour d’autres projets. Mais encore une fois, je n’étais pas supposé réaliser ce film, alors ça n’a été que du bonus de plaisir.

 

leparisien.fr
Renaud Baronian

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