Oscars 2020. « Parasite » et Disney 1, Netflix et la France 0 : les leçons du palmarès

Artnewspress: Dans la nuit de dimanche à lundi, la fête américaine du cinéma a récompensé le film du Sud-coréen Bong Joon-Ho mais aussi Joaquin Phoenix, Renée Zellweger, Brad Pitt, Laura Dern, « 1917 »… Mais la France repart bredouille. Presque autant que Netflix face à Disney.

Parasite, du réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho, est le grand vainqueur de la 92e édition des Oscars. Il a accumulé quatre récompenses avec les prix du scénario, du film international, du réalisateur et du meilleur film. Un carton plein dont on peut tirer plusieurs leçons.

La première, évidemment, est que ce film est bon. À travers l’histoire d’une famille pauvre qui tente de tirer profit d’une famille aisée, Bong Joon-Ho a fait un film social original, mêlant drame et comédie, d’une grande maîtrise esthétique et narrative. Un film qui prouve que le cinéaste coréen, qui a également signé Okja, Le transperceneige, Mother ou Memories of Murder est devenu incontournable.

Ce prix est néanmoins une surprise car il est rare qu’un film non américain, sous-titré, rafle autant de prix. Il fait encore mieux que Roma du Mexicain Alfonso Cuarón, l’an dernier.

Le cinéma sort aussi gagnant de ce choix puisque ce sont les qualités cinématographiques qui ont pris le dessus sur le match annoncé entre Disney et Netflix.

Grise mine pour Netflix

Sur ce plan, c’est néanmoins Disney, avec la 20 th Century Fox et Pixar qui lui appartiennent, qui a gagné son match face à Netflix. Entre Le Mans 66 (son et montage), Jojo Rabbit (meilleure adaptation), Les Filles du Docteur March (costumes) et Toy Story 4 (meilleur film d’animation), ça fait quand même cinq statuettes !

Alors que Netflix peut faire grise mine. Oui, Laura Dern a l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation dans Marriage Story. Et la plateforme de streaming a aussi la récompense du meilleur documentaire avec American Factory, co-produit par Barack et Michelle Obama, sur un conflit social dans l’Ohio. Mais The Irishman de Martin Scorsese repart bredouille.

Pas de razzia d’un film

Pour le reste, il n’y a pas eu la razzia annoncée de 1917 de Sam Mendes même s’il obtient les Oscars des effets visuels, de la photo et du mixage. Mais, ces prix plus techniques correspondent bien à cette performance de cinéma qui manque un peu de densité humaine.

Au final, les 9 000 votants de l’Académie des Oscars, ont préféré répartir leurs votes. Ce qui a l’avantage d’honorer plusieurs films qui valent tout à fait le détour.

La performance de Joaquin Phoenix dans Joker lui permet d’obtenir un Oscar amplement mérité de meilleur acteur. Et le film de Todd Phillips est récompensé pour la musique de l’Islandaise Hildur Gudnadottir.

Renée Zellweger, dix-neuf ans après la premier Bridget Jones, est sacrée meilleur actrice pour son interprétation de Judy Garland dans Judy qui sort le 26 février en France.

Récompense justifiée aussi pour Brad Pitt qui décroche le meilleur second rôle pour son incarnation d’un cascadeur dans Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, également primé pour ses décors.

À noter que Scandale est distingué pour le maquillage et Rocketman pour les chansons d’Elton John et Bernie Taupin.

Fin d’aventure pour les Français

Il reste que tout cela ne fait pas les affaires de la France. En donnant tant de prix prestigieux à Parasite, les votants auraient peut-être pu laisser le meilleur film international aux Misérables de Ladj Ly mais l’aventure reste incroyable pour ce film choc sur la banlieue parisienne qui a déjà conquis deux millions de spectateurs.

Pas plus de succès pour le compositeur Alexandre Desplat qui était en lice avec Les filles du docteur March. Ou J’ai perdu mon corps, long-métrage d’animation de Jérémy Clapin qui a dû s’effacer devant Toy Story. Rien non plus pour le court-métrage d’animation rennais Mémorable de Bruno Collet battu par Hair Love qui aborde la diversité culturelle qui faisait tant défaut cette année à Los Angeles. Pas de récompense non plus pour le court-métrage nantais Nefta Football Club d’Yves Piat coiffé au poteau par The Neighbors’Window. Mais c’était déjà une belle réussite que ces films soient nommés.

Du côté français, on se consolera avec les prix du Mans 66 , une histoire de chez nous, et le fait que le Festival de Cannes a rayonné sur la côte Ouest américaine puisque Parasite, le Tarantino et Rocketman sont sortis sur la Croisette en mai.

En espérant, pour conclure, que l’an prochain, les Oscars arrivent enfin à faire plus de place à la diversité culturelle et aux femmes, notamment réalisatrice. Il serait temps.

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