“Reza” : les errances douces-amères d’un récent divorcé dans les rues d’Ispahan

ARTNEWSPRESS: Le premier film de l’Iranien Alireza Motamedi est une romance moderne dont la poésie flirte avec le conte traditionnel persan.

En Iran, Alireza Motamedi est déjà une célébrité, à la fois poète, écrivain, critique de cinéma… Reza est son premier long-métrage et il y interprète le premier rôle. Récompense encourageante, le film est reparti l’année dernière du festival Entrevues de Belfort avec le Prix d’aide à la distribution Ciné+. En salles le 21 août 2019.

Lyrisme persan

Dans les rues colorées (elles paraîtraient idylliques) de la ville d’Ispahan, Reza erre. Il vient de divorcer de Fati. Malgré quelques rencontres avec des femmes de passage, le lien reste pourtant indissoluble avec son ex-épouse. L’homme cherche son chemin, il est guidé en cela par les récits de légendes persanes.

Le film démarre presque sur une incongruité. Pourquoi Reza et Fati se séparent-ils ? Leur relation est encore emplie de tendresse et de complicité. Ils doivent même simuler une mésentente pour que le juge accepte leur divorce. Alireza Motamedi  dépeint avec sensibilité cette vraie-fausse rupture. De son côté, Reza accuse le coup : la première scène montre l’homme s’habillant un matin pour sortir en ville… avant de se remettre en pyjama et de s’affaler devant sa télévision.

Peinture de la sérénité d’Ispahan

Soubresauts d’une rupture amoureuse : jusqu’ici, le scénario pourrait aussi bien se dérouler à Paris ou New York. Mais Alireza Motamedi met l’accent sur les couleurs vivantes et le particularisme d’Ispahan : ses mosquées lumineuses et finement sculptées, ses larges rues charmeuses, et ses parcs emplis d’arbustes à fleurs blanches, évoquant plus un décor de jardin d’Éden que celui d’une grande ville agitée.

Et cet Éden semble apaiser Reza. Alors que le film pourrait se nourrir du désespoir intérieur du personnage, ces lieux pacifiques emplissent le récit de douceur, et sont les décors parfaits pour de tendres dialogues entre les personnages.

Un conte iranien

Diplômé en littérature persane, Motamedi infuse son film du passé de l’Iran. Reza lui-même écrit un conte : un vieil homme malade est abandonné par sa famille qui ne sait plus quoi faire de lui. Un médecin lui explique que son âge le fait simplement approcher de la mort. Alors l’homme attend sa fin, mais ne meurt pas, et est ultimement sauvé par le chant des oiseaux et l’attention de jolies femmes.

Métaphore poétique (quelque peu forcée), le conte distille son lyrisme dans toute la vie de Reza. Son amour pour Fati, tel le vieil homme de la fable, n’arrive pas à mourir. Et ce n’est que par la fréquentation de belles femmes et par les chants des oiseaux d’Ispahan qu’il peut réussir à repartir de l’avant. Avec l’ombre de Fati planant au dessus de lui. Bien que poétique et touchante, la quête de sens du personnage semble parfois n’aller nulle part, et revenir comme une boucle au point de départ du récit. Et l’auteur-réalisateur d’oublier que le lyrisme n’empêche pas l’ennui.

Les longs plans-séquences de la vie de tous les jours, toujours emplis de douceur, explorent un mal-être latent. Un regard triste mais plein d’espoir sur l’amour : une histoire de résurrection ambiguë, plus qu’une histoire de mort certaine.

La Fiche

Genre : Romance
Réalisateur : Alireza Motamedi
Acteurs : Alireza Motamedi, Sahar Dolatshahi, Setareh Pesyani, Solmaz Ghani, Reza Davoudnejad
Pays : Iran
Durée : 1h34
Sortie : 21 août 2019
Distributeur : Norte Distribution
Synopsis
 : Reza aime Fati, et ce n’est pas leur divorce qui l’en empêchera… Il attend son retour, déambulant dans Ispahan, où il se plonge tout entier dans l’écriture d’un livre sur les légendes persannes…Quant à Fati, elle revient toujours pour mieux repartir aussitôt le jour levé. Finira-t-elle par rester ? Ou Reza finira-t-il par se libérer de son ensorcellement ?

 

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Thomas Hermans

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