Birds of Prey : rencontre avec Margot Robbie (Harley Quinn) sur le tournage à Los Angeles

ROOZBEH JAFARI ARTNEWSPRESS: En mars dernier, AlloCiné s’est rendu sur le tournage de “Birds of Prey” et a notamment pu s’entretenir avec Margot Robbie, qui, en plus d’endosser à nouveau le costume de Harley Quinn, est également productrice du film.

L’idée de Birds of Prey vous est venue pendant le tournage de Suicide Squad ?

Margot Robbie : Oui, disons qu’il y a eu plusieurs choses. Déjà, j’ai constaté que je fonctionnais beaucoup en bandes de filles : en Australie, à Londres. Je fais toujours partie d’un gang de filles et j’avais vraiment très envie de voir ça à l’écran, car on le voit trop peu. Le pitch, c’était que Harley devait avoir un gang de filles avec qui traîner. Pendant la préparation de Suicide Squad, j’ai commencé à lire les comics Suicide Squad et Harley Quinn, et puis Gotham City Sirens, Birds of Prey… J’aimais beaucoup le personnage de Huntress, à cause de son histoire de vengeance qui est très forte.

Je voulais aussi des enjeux un peu différents, pas un enjeu de fin du monde, avec des immeubles qui s’effondrent, beaucoup de CGI… J’avais l’impression d’avoir déjà vu ça un million de fois. Je me suis dit que ce serait chouette de revenir à des considérations plus proche du film de gangster. Notre film fonctionne un peu comme la facette plus « Brooklyn, Queens, Bronks » de Gotham, en opposition avec la facette plus « Manhattan » de Bruce Wayne, cela permettait aussi d’expliquer pourquoi Batman ne vient pas à la rescousse.

Vous interprétez Harley pour la deuxième fois, vous produisez ce film, vous êtes très attachée à Harley !

J’aime vraiment cet univers et ce personnage, c’est aussi simple que ça. Elle est très imprévisible, ce qui est vraiment génial à jouer pour une actrice, car on n’a pas à réagir absolument à une situation donnée d’une certaine manière, tout est possible : elle peut devenir votre meilleure amie ou votre pire ennemie en un claquement de doigts. De ce fait, les options sont infinies ! C’est très excitant, parce que je peux vraiment aller très loin. Égoïstement, je prends vraiment beaucoup de plaisir à la jouer, et puis j’avais l’impression que je n’en avais pas fini avec elle. Parfois, j’arrive à la fin d’un film avec le sentiment d’avoir fait le tour du personnage, mais à d’autres moments, j’ai l’impression d’avoir encore beaucoup à explorer et à montrer. C’était totalement le cas avec Harley après Suicide Squad.

Harley est la narratrice du film. Est-elle une narratrice fiable et pourquoi choisir d’aller dans cette direction ?

L’idée, c’était que les gens puissent rentrer un peu plus dans sa tête et voir les choses comme elle les perçoit. Raconter les choses de son point de vue, ça permet, d’abord, de rendre les choses plus fun, et ensuite, de casser un peu les codes, de sortir des clichés habituels des films de super-héros en trois actes et avec plein d’effets spéciaux. Avec la scénariste, Chrisina Hodson, on est revenues à des films comme Trainspotting, qui nous semblaient plus chaotiques et imprévisibles. Finalement, en cassant la structure, on revient bien sûr, comme Trainspotting, à un schéma assez classique en trois actes, mais caché au milieu du chaos magnifique et on a moins l’impression d’une formule éculée. L’histoire est non linéaire, avec beaucoup de sauts dans le temps, et avoir Harley comme narratrice nous permet aussi de mieux nous repérer, même si on ne peut bien sûr jamais vraiment lui faire confiance.

Comment gérez-vous la double casquette de comédienne et productrice ? 

C’est énormément de travail. Avec LuckyCharp Entertainement [la société de production qu’elle a créée avec trois associés en 2014], c’est le quatrième long métrage sur lequel j’endosse le rôle de productrice [elle a notamment produit Moi, Tonya, où elle interprète aussi le rôle principal]. On a aussi une websérie en préparation, des courts métrages… Sur Birds of Prey, j’ai l’impression que ça me permet d’être plus consciente de ce que je fais, à la fois en tant que productrice et en tant qu’actrice. J’ai une vision d’ensemble de tout ce qui se passe en étant tout le temps sur le tournage et ça me permet de mieux anticiper les problèmes éventuels, mais c’est surtout pendant la pré-production et la post-production que mon travail de productrice devient très intense.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur le style de Harley ?

Avec Erin Benach, qui a créé les costumes, on a beaucoup discuté de l’évolution de l’état d’esprit de Harley. Lorsqu’elle est en couple avec le Joker, elle s’habille pour lui ; mais dès lors qu’ils ne sont plus ensemble, elle s’habille pour elle-même. Ses vêtements correspondent davantage à ce dans quoi elle se sent belle, et plus quelque chose dans quoi elle pense que le Joker va la trouver belle. Même si on est dans une réalité un peu “augmentée” et même s’il y a beaucoup d’éléments absurdes, toutes les filles du gang doivent s’émanciper de ce qui les entrave, et elles y parviennent chacune à leur manière.

Comment avez-vous choisi Cathy Yan pour réaliser le film ?

J’ai découvert son film Dead Pigs à Sundance, que j’ai trouvé incroyable. L’un des défis du film, c’était qu’on avait un “ensemble cast”, une distribution avec plusieurs personnages centraux et il fallait réussir à trouver un équilibre pour que chacun ait sa place. Elle avait fait un travail remarquable là-dessus avec Dead Pigs. L’esthétique du film était magnifique, même si elle avait tourné le film en Chine en très peu de temps, avec très peu de moyens. On a rencontré plusieurs cinéastes, mais c’est vraiment elle qui s’est démarquée !

De mon point de vue de productrice, vu le ratio hommes-femmes chez les cinéastes, on devrait vraiment donner davantage leur chance aux réalisatrices. Aujourd’hui, quand vous êtes un homme, vous pouvez soumettre un court métrage et on vous fera confiance pour un énorme projet. En tant que femme, si vous voulez qu’on vous offre des opportunités, vous devez bien davantage faire vos preuves. Ensuite, évidemment, c’est la personne qui parraît la plus compétente pour le projet, homme ou femme, doit être engagée, et Cathy nous a pleinement convaincus qu’elle était la bonne personne. Son pitch était incroyable, elle comprenait parfaitement les personnages, elle a fait des propositions géniales pour améliorer le script, auxquelles on n’avait pas du tout pensé. C’était clairement la femme de la situation.

Propos recueillis le 21 mars 2019 à Los Angeles.

La bande-annonce de Birds of Prey, dans les salles le 5 février prochain :

https://allocine.fr

Léa Bodin

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