Masoome Rostami – Artnewspress: L’actrice Anna Karina est morte samedi 14 décembre des suites d’un cancer, à l’âge de 79 ans, a annoncé son agent à l’AFP, dimanche 15 décembre. “Anna s’est éteinte auprès de son mari, Dennis Berry, après s’être courageusement battue contre la maladie, écrit également Laurent Balandras sur la page Facebook officielle de la chanteuse et écrivaine d’origine danoise. Nous perdons une femme merveilleuse, une artiste libre, une icône du cinéma mondial et de la chanson.”
“Aujourd’hui, le cinéma français est orphelin. Il perd l’une de ses légendes”, a tweeté le ministre de la Culture, Franck Riester. La Cinémathèque française a, elle, fait part de son “immense tristesse”. “Goodbye beautiful Anna” (au-revoir belle Anna), a réagi la chanteuse Jane Birkin, dans un message transmis à l’AFP. “Sa vie de cinéma s’est confondue beaucoup avec la nôtre”, a tweeté le président du festival de Cannes, Pierre Lescure, selon qui “son sourire nous dit de vivre toutes les émotions possibles”. “On retiendra sa douce grâce d’amoureuse mélancolique”, a réagi l’ancien patron du festival, Gilles Jacob, également sur Twitter.
L’actrice brune au visage pâle dévoré par de grands yeux bleu-gris avait tourné sept films avec Jean-Luc Godard, son compagnon d’alors, dans les années 1960. Elle a également eu une carrière de chanteuse, notamment aux côtés de Serge Gainsbourg. Dans la mémoire des cinéphiles, elle gardera l’image d’une ingénue libertaire, en particulier avec cette réplique culte : “Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire…” (Pierrot le fou, 1965).
Mannequin, actrice, chanteuse
Née Hanne Karin Bayer, Anna Karina a débuté sa carrière comme mannequin et chanteuse dans les cabarets au Danemark. C’est dans le quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés qu’elle est repérée au café des Deux Magots alors qu’elle vient de quitter son Danemark natal à l’âge de 17 ans. Plus tard, elle relatera l’anecdote à l’origine de son pseudonyme. “Il y avait cette dame extraordinaire qui m’a demandé : ‘Comment tu t’appelles mon petit ?’ ‘Hanne Karin Bayer’. ‘Ah non, me dit-elle sur un ton militaire, tu t’appelleras Anna Karina.’ Quand elle est partie, j’ai demandé qui c’était. C’était Coco Chanel.”
Jean-Luc Godard la repère dans une publicité et lui propose un petit rôle dans A bout de souffle avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, qu’elle décline. Il la rappelle quelques mois plus tard pour le rôle principal du Petit soldat, un film sur la guerre d’Algérie qui sera interdit. Sur le tournage naît entre eux une idylle qui durera plusieurs années. Ils vont tourner sept films ensemble, parmi lesquels Une femme est une femme (prix de la meilleure interprétation au festival de Berlin en 1962), Vivre sa vie et Pierrot le fou avec Jean-Paul Belmondo.
Pendant dix ans, Anna Karina n’arrête pas mais elle reste l’actrice fétiche de Godard. Ni Claude Chabrol ni François Truffaut, les autres réalisateurs de la Nouvelle Vague, ne la font tourner. “J’étais la femme de Jean-Luc. Cela leur faisait sans doute un peu peur”, racontera-t-elle plus tard. Mais Anna Karina tournera aussi avec Jacques Rivette et Luchino Visconti.
Première comédienne à réaliser un long-métrage
Anna Karina est également passée derrière la caméra en 1973 avec Vivre ensemble, histoire d’amour sur fond de drogue et d’alcool. “C’est un portrait de l’époque de ma jeunesse. J’ai vu des gens autour de moi sombrer et mourir“, expliquait-elle. Elle est alors la première comédienne à réaliser un long-métrage: “Tout le monde disait Comment ose-t-elle. Il y avait un petit côté macho.” Elle passera à nouveau derrière la caméra en 2008 avec Victoria.
Comme chanteuse, ella rencontre un grand succès en 1967 avec Sous le soleil exactement de Serge Gainsbourg, chanson tirée du téléfilm de comédie musicale Anna de Pierre Koralnik.
En 2018, elle revient sur le devant de la scène avec la reprise de Vivre ensemble et la sortie d’un album, Je suis une aventurière, une compilation de ses chansons les plus connues.
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franceinfo avec AFP
