Robocop sur France 4 : pourquoi ce remake a été un enfer pour le réalisateur

Artnewspress: S’attaquer au mythe Robocop de 1988 n’était pas chose aisée… surtout quand on doit composer avec le système hollywoodien. Le metteur en scène, José Padilha, en a fait les frais. Explications.

Sorti en février 2014, Robocop de José Padilha a été un véritable naufrage, autant artistique que commercial. La chose était prévisible tant le matériau d’origine était un pur produit de son époque, réalisé par un cinéaste visionnaire et subversif, Paul Verhoeven.

Fort d’un budget de 100 millions de dollars, le film n’en a rapporté que 242 à travers le monde. La production du film a une nouvelle fois été le centre d’une bataille entre un cinéaste qui tente d’imprimer sa patte et les désirs d’un studio soucieux d’édulcorer la violence inhérente à la franchise pour avoir un classement PG-13 (comme quasiment tous les blockbusters des grosses Majors).

Pour rappel, le Robocop original a été classé NC-17 dans un premier temps (strictement interdit au moins de 17 ans, même accompagné, ce qui signait l’arrêt de mort du film). Finalement, l’oeuvre a été ramenée à un classement R (les mineurs de 17 ans et moins doivent être accompagnés d’un adulte) après quelques coupes de Verhoeven.

Le studio MGM, derrière ce remake de Robocop, a donc été sur le dos de José Padilha afin de vérifier que son film reste dans les clous. Pourtant, cette prise de position allait à l’encontre de l’essence même du long-métrage original, d’une redoutable efficacité dans son propos politique, le tout saupoudré d’un humour corrosif. Selon Paul Verhoven, pas tendre avec ce remake, c’est justement ce qui peut expliquer l’échec de Robocop (et celui d’un remake d’un autre de ses films, Total Recall) : Ces deux films [Robocop et Total Recall] avaient besoin de satire ou de comédie pour se faire une place auprès du public. Le fait de les raconter sans humour est un problème, et pas une amélioration”, explique le cinéaste.

José Padilha, talentueux metteur en scène, auteur notamment de l’excellent Tropa de Elite ou de la série Narcos, s’est donc brûlé les ailes à Hollywood. Très lucide, ce dernier est revenu sur cette douloureuse expérience. “Je n’ai pas eu la liberté créatrice que je voulais. J‘ai passé 90% de mon temps à me battre. Ca m’a fait réaliser à quel point travailler pour un studio n’est pas la même chose que de réaliser un film. Désormais, je réfléchirai un million de fois avant d’accepter une telle offre et de me lancer à nouveau dans une production d’une telle envergure. Je suis arrivé dans l’industrie hollywoodienne pensant que je pouvais faire le film que je voulais, avec mes normes cinématographiques. Quelle erreur ! Je préfère me confronter à la réalité plutôt que de faire un film de super-héros !”

Le réalisateur Fernando Meirelles, ami de Padilha, avait également révélé que la MGM refusait 9 idées sur 10 venant du metteur en scène. On comprend mieux pourquoi ce dernier parlait d’une bataille constante entre lui et le studio. Quoi qu’il en soit, ce fiasco n’a pas convaincu MGM d’enterrer définitivement la licence Robocop ; Neill Blomkamp (District 9) devait en effet se charger d’une nouvel opus, Robocop Returns. Il a finalement claqué la porte du projet en août dernier. C’est Abe Forsythe (Little Monsters) qui a repris les rênes de cette suite directe du Robocop de Verhoeven, toujours en production (elle ne tiendra pas compte des épisodes 2 et 3 ni du remake). Bonne ou mauvaise idée ? Si c’est pour en faire un produit aseptisé et sans vision d’auteur, l’entreprise pourrait bien connaître le même sort que le film de Padilha.

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