Cannes 2021 : on a vu le nouveau film de Gaspar Noé, Leïla Bekhti en “Intranquille” et un tueur en devenir

Artbewspress: Tous les jours, la Rédac’ d’AlloCiné vous résume les films vus au cours du 74e Festival de Cannes. Aujourd’hui, pleins feux sur “Vortex”, film désenchanté de Gaspar Noé, la naissance du mal avec “Nitram” et “Les Intranquilles” de Joachim Lafosse.

Le soleil a disparu, la fin du Festival approche bel et bien. Alors que les rumeurs, théories et débats autour du palmarès tant attendu de cette 74e édition s’intensifient, les derniers films se dévoilent – pour mieux bouleverser la compétition. Ce 16 juillet étaient présentés Les Intranquilles du Français Joachim Lafosse et Nitram de l’Australien Justin Kurzel, tous les deux éligibles à la Palme d’Or. Le premier raconte l’épreuve d’un couple face à la dépression d’un homme, interprété par Damien Bonnard. Le second s’intéresse à la tuerie de 1996 à Port-Arthur, en Australie, qui avait fait 35 victimes. Dans le premier rôle, Caleb Landry Jones impressionne et se hisse parmi les favoris susceptibles de recevoir le Prix d’interprétation masculine.

Dans la sélection Cannes Première, c’est le nouveau Gaspar Noé, Vortex, qui vient remuer encore un peu plus ce marathon. Dans ce drame familial angoissant et désespéré, le réalisateur fait jouer le cinéaste Italien Dario Argento. C’est la première fois que le roi du Giallo incarne un vrai rôle de composition au cinéma. Il donne la réplique à Françoise Lebrun, connue, entre autres, pour La Maman et la Putain de Jean Eustache. Les deux interprètes sont rejoints par Alex Lutz dans une partition étonnante.
Peut-être ignorez-vous l’histoire de la tuerie de Port-Arthur qui avait fait 35 morts et 23 blessés en Australie, en 1996. Avec Nitram, le réalisateur Justin Kurzel réveille ou plutôt déterre l’un des cauchemars enfouis dans la mémoire de son pays natal. Il suit Nitram, un jeune homme solitaire, malheureux, hyperactif et violent qui vit avec ses deux parents pourtant aimants. Dans ce portrait saisissant, le cinéaste capture l’essence d’un homme qui va devenir un monstre. Il le fait avec délicatesse, ne tombant jamais dans l’excès de violence et le voyeurisme – par exemple, le nom du véritable meurtrier n’est jamais mentionné. Surtout, ce drame puissant et anxiogène confirme le talent de Caleb Landry Jones, à la fois dangeureux, effrayant et sensible dans la peau de son personnage. Une véritable performance d’acteur.

Thomas Desroches

Vortex de Gaspar Noé (Cannes Première)

La sénilité est un sujet très présent au cinéma depuis quelques mois. Il y a eu l’Oscarisé The Father de Florian Zeller, Falling de Viggo Mortensen ou encore, dans un autre style, le film d’horreur Relic de Natalie Erika James. Vortex de Gaspar Noé s’ajoute à cette liste. Il suit un couple de septagénaires qui s’apprête à vivre une descente aux enfers. L’épouse, superbement interprétée par Françoise Lebrun, commence à perdre ses repères alors que son mari, Dario Argento, se retrouve prisonnié dans son impuissance. À mesure que le film se poursuit, l’appartement – principal décor de l’histoire – se referme sur le spectateur jusqu’à c qu’il en perde le souffle. Avec Vortex, Gaspar Noé signe son œuvre la plus sombre et la plus désarmante. Inmanquable.

Thomas Desroches

Belle de Mamoru Hosoda (Avant première mondiale – Cannes Première)

Trois ans après avoir présenté Miraï, ma petite sœur à la Quinzaine des réalisateurs, Mamoru Hosoda revient avec un nouveau film d’animation époustouflant. Inspiré du célèbre conte La Belle et la Bête, Belle raconte l’aventure de l’adolescente Suzu, qui va utiliser la puissance de son avatar populaire, la chanteuse Belle, dans le monde virtuel U pour s’accomplir et aider des inconnus. En mêlant conte, récit d’apprentissage et univers virtuel, Mamoru Hosoda livre un formidable message et rend compte du pouvoir de la solidarité, du dépassement de soi et du développement de ses talents pour s’accomplir en tant qu’être humain, le tout avec une mise en scène incroyable, une esthétique léchée, des effets spéciaux à couper le souffle et une musique transcendante.

Mégane Choquet

Les Intranquilles de Joachim Lafosse (Compétition officielle)

On connait la sensibilité de Joachim Lafosse pour raconter les difficultés du couple, comme dans le remarquable L’Economie du couple. Après avoir filmé ce couple séparé qui se déchirait, ici Lafosse nous fait suivre un couple qui fait tout pour tenir, résister face aux aléas de la maladie. Le personnage de Damien (Damien Bonnard) est en effet atteint de troubles bipolaires, provoquant des phases maniaco-dépressives. Une partition intense, souvent éprouvant, aux côtés duquel on retrouve Leïla Bekhti dans l’un de ses plus beaux rôles dramatiques. La mise en scène, au plus près des personnages, nous plonge dans cet d’intranquillité. Un film intense, qui pourrait valoir un prix d’interprétation à Damien Bonnard.

Brigitte Baronnet

The Sparks Brothers d’Edgar Wright (Hors-compétition)

Ils ont ouvert le bal et reviennent pour la fin, comme lors d’un rappel : Ron et Russell Mael, alias Sparks, à qui Edgar Wright a consacré un documentaire. Inventif comme chacun des précédents films du réalisateur anglais, avec de drôles idées de mise en scène et de montage, il revient sur près de cinq décennies de musique, au cours desquelles les deux frères en auront influencé plus d’un. Et pourtant ils restent assez peu connus du grand public. Attendu le 28 juillet au cinéma, The Sparks Brothers se penche sur ce mystère et celui qui entoure le chanteur et claviériste du groupe. Et le film, en plus de donner envie d’écouter tous leurs albums (il y en en 25, donc de quoi faire), nous fait comprendre pourquoi Annette, dont ils ont écrit l’histoire et les chansons, est aussi important pour eux : car c’est leur premier film, après deux projets avortés avec Jacques Tati et Tim Burton. A l’arrivée, un double-programme parfait, avec cet opus et celui de Leos Carax.

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