Mylène Demongeot raconte son histoire d’amour «obsessionnelle» avec Marc Simenon

ARTNEWSPRESS: INTERVIEW – Dans une autobiographie parue en mai et intitulée L’Amour fou, l’actrice française revient sur la relation fusionnelle qu’elle a vécue durant plus de trois décennies avec le fils aîné du romancier Georges Simenon, disparu en octobre 1999.

Au début des années 1960, Mylène Demongeot est considérée par la critique et le grand public comme la grande rivale de Brigitte Bardot. Soudain, en pleine gloire, à 27 ans, celle qui incarna magnifiquement la diabolique Milady de Winter dans Les Trois Mousquetaires décide de tout plaquer pour Marc Simenon, le fils aîné du grand romancier belge Georges Simenon.

Aujourd’hui dans un livre original, L’amour fou (Michel Lafon), truffé d’anecdotes de tournage et enrichi par un joli scrapbook – un album fait de photos et de coupures de journaux – signé par la dessinatrice Catel, elle revient sur une flamme incontrôlable, toujours rajeunie, toujours renouvelée, notamment par leur passion commune pour les animaux.

Dans un entretien sans retenue Mylène Demongeot revient sur les souvenirs de cet amour. Elle évoque pêle-mêle Marc Simenon, son père Georges, Tigy la mère de Marc, qui ont été les témoins et les acteurs de son obsession dévorante pour cet homme qu’elle compare à Steve McQueen et aux statues de Michel-Ange.

LE FIGARO. – Comment est né cet amour, que vous n’hésitez pas à qualifier de fou dans votre livre, entre Marc Simenon et vous?

Mylène DEMONGEOT. – Comme toutes les belles histoires, au début, je ne voulais pas rencontrer Marc. Le premier à m’avoir parlé de lui, c’était mon ami Serge Beauvarlet, un photographe de la bande de Roger Vadim. Je me souviens qu’il m’avait dit: «C’est un type qui te plairait beaucoup. Tu sais il tourne un film sur Tabarly». Son argument ne m’a pas convaincu puisque je lui ai répondu: «Tu plaisantes, c’est un fils à papa à la con!». Et puis je l’ai croisé sans le voir sur un film de Michel Boisrond. Enfin, en 1960 à Cannes, j’ai été invitée par Georges Simenon, qui était président du festival, à passer une journée chez lui. Là encore, il n’y aura pas d’étincelles. Marc , je crois me souvenir, m’a fait une remarque pas très amène sur mon maquillage à la manière de Gina Lollobrigida dans Notre-Dame de Paris, et les choses en sont restées là.

Vous êtes en train de nous dire qu’un amour passionnel peut très bien commencer sous de mauvais auspices…

Non pas forcément, mais il faut un déclic. Nous attendrons, sans le savoir, jusqu’en 1966. Et puis, ça deviendra tout de suite obsessionnel.

Qu’est ce qui vous a séduit chez Marc? Sa beauté, son originalité, sa passion pour la nature…

Un peu de tout ça! Mais je dois dire qu’il était d’une beauté saisissante. Il ressemblait vraiment à Steve McQueen. Il avait des épaules larges, la taille fine, des jambes musclées comme le David de Michel-Ange. Lors des premières vacances qu’on a passées ensemble, il partait faire de la chasse sous-marine et revenait avec un loup accroché à sa ceinture. Cette image d’aventurier est inoubliable. Et puis, je dois confesser que nos corps s’accordaient parfaitement. C’est un peu ça, la magie de l’amour.

On ne peut tout de même résumer cet amour, qui durera trente ans, à une seule passion physique…

C’est vrai. Et je me suis souvent posé des questions sur la nature exacte du lien qui nous unissait. Il existait aussi certainement une raison psychanalytique à cette fusion. Je me suis rendu compte que j’avais énormément de points communs avec sa mère. J’adorais Tigy, la première femme de Georges Simenon. Dès que je l’ai rencontrée, ça a immédiatement collé entre nous deux. Comme moi pour Marc, Tigy était une peintre qui avait renoncé à sa carrière pour Georges Simenon alors qu’il n’était qu’un romancier en devenir. C’est dommage parce que j’ai conservé quelques-unes de ses œuvres et je peux vous dire qu’elle avait beaucoup de talent. Marc, qui était un homme fragile, m’a fait tourner en bourrique comme il avait fait tourner sa mère en bourrique. Je ressemblais à Tigy finalement. Et je crois que les hommes aiment bien les femmes qui leur rappellent leur mère (rires).

Vous évoquez l’amitié que vous portiez à votre belle-mère mais que pensait, selon vous, Georges Simenon de votre histoire avec son fils aîné?

Il a toujours pensé que la passion amoureuse était une maladie dévastatrice. Mais cela ne l’a pas empêché de tomber lui aussi fou d’amour. Sa théorie ne l’a pas immunisé puisqu’il a connu cela avec Denyse, sa deuxième femme, la mère de John, Pierre et Marie-Jo. Il s’en plaignait tout le temps, disant: «C’est une chose à laquelle on n’échappe pas, d’absolument terrifiant et c’est une maladie». Et je dois dire que je me suis souvent posé la question: ne serait-ce pas une maladie? Mais, malgré tout, je ne regretterai jamais la plus belle de mes maladies d’amour. Jamais.

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Bertrand Guyard

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