Kiki la petite sorcière sur Netflix : pourquoi c’est l’un des meilleurs Miyazaki ?

ArtNewsPress : Kiki la petite sorcière peut sembler un film mineur dans la carrière du maestro Hayao Miyazaki. Pourtant, par bien des aspects, il s’agit d’une de ses oeuvres les plus personnelles et les plus réjouissantes.

Kiki la petite sorcière peut sembler un film mineur dans la carrière du maestro Hayao Miyazaki. Pourtant, par bien des aspects, il s’agit d’une de ses oeuvres les plus personnelles et les plus réjouissantes.

Si le film apporte douceur et mélancolie aux moins jeunes, il exhorte les plus jeunes (surtout les enfants) à affronter leur peur de l’inconnu. En voyant Kiki faire face aux éléments déchaînés puis à la dure réalité d’une vie de labeur, ils en viennent à mieux appréhender le passage à l’âge adulte. Le pouvoir de Kiki ne réside alors plus dans sa magie, mais dans son abnégation, sa mentalité et le fait qu’elle n’abandonne jamais.

Le ton de Kiki la petite sorcière est léger en surface, mais les thématiques chères au maestro japonais sont bien présentes. Comme souvent, il nous présente une jeune héroïne forte et déterminée, qui va au fur et à mesure prouver sa valeur et gagner la confiance du monde autour d’elle. En ce sens, Miyazaki a réalisé des films féministes sans asséner ses messages de manière outrancière, mais en choisissant la subtilité, ce qui s’avère d’une redoutable efficacité. Mononoké, Chihiro, Sophie (Le Château ambulant) ou Ponyo sur la falaise sont toutes les héritières de Kiki.

Les personnages secondaires sont tous aussi attachants que Kiki, notamment la boulangère Osono et le jeune Tombo, qui tombe sous le charme de la jeune sorcière. Mention spécial au chat Jiji, sorte de conscience de l’héroïne. Il est doublé en VF par le génial Christophe Lemoine (la voix de Cartman dans South Park). Quant à Kiki, elle est incarnée par Adeline Chetail, comédienne ayant déjà prêté son timbre à Nausicaä de la vallée du vent. Spécialisée dans l’animation japonaise, l’actrice a parfaitement su retranscrire vocalement toute la force et la fragilité de la petite sorcière.

Quête d’indépendance, de confiance en soi, d’intégration dans la société… Miyazaki distille ces thèmes avec brio, traitant également de la tradition face à la modernité, de l’artisanat face à la technologie… il n’hésite pas non plus à nous parler d’engins volants (ballon dirigeable, vélo à hélices du jeune Tombo), une des passions du cinéaste lui venant de son père, ingénieur aéronautique. Le tout est évidemment sublimé par la musique de Joe Hisaishi, compositeur fétiche du réalisateur. Le musicien a écrit une partition d’une foudroyante gaieté teinté d’une amertume langoureuse. Quant aux décors, inspirés de l’Italie ou de la Suède, sont d’une richesse incroyable avec un sens du détail ahurissant.

Au fond, Kiki nous explique aussi, avec une joyeuse mélancolie mêlée de tristesse, que l’enfance, avec tout ce qu’elle contient d’allégresse, de peine, d’aventures et de premières expériences, est à jamais finie… et qu’il faut continuer à vivre. Malgré tout, avec Kiki, c’est surtout la magie du quotidien et des rapports humains qui est célébrée, et ça fait énormément de bien.

Kiki la petite sorcière est visible sur Netflix. À noter que l’histoire est basée sur les romans écrits par Eiko Kadono, disponibles en France aux Editions Ynnis.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here