Au Festival de Cannes, le comité de sélection compte désormais plus de femmes que d’hommes

Artnewspress: Cette année, elles sont cinq contre quatre sélectionneurs à visionner et choisir les prochains films en compétition lors de la 73e édition de la manifestation qui doit se dérouler du 12 au 23 mai 2020.

Après la pathétique nuit des César, plusieurs questions agitent le cinéma français. Une, constante, de plus en plus prégnante, concerne la place des femmes à l’écran, derrière la caméra et dans les lieux de pouvoir du cinéma. Le comité de sélection du Festival de Cannes en est un. Il a en effet la lourde tâche de déterminer les films qui figureront dans la sélection officielle, c’est-à-dire ceux en compétition, en hors-compétition et en séances spéciales. Dévoilé le 17 février, le comité de sélection de la 73e édition compte cette année davantage de femmes que d’hommes, soit cinq sélectionneuses contre quatre sélectionneurs.

«C’est le fruit d’un hasard dont nous nous réjouissons», explique Aïda Belloulid, directrice du service de presse du Festival de Cannes. «Marie Sauvion a quitté le comité de sélection cette année pour intégrer l’équipe rédactionnelle de Télérama. Deux candidates nous ont fait part de leur désir de rejoindre ce comité, et après les avoir rencontrées, nous avons fait le choix de les prendre toutes les deux», ajoute-t-elle.

C’est la première fois dans l’histoire du Festival que le comité de sélection est ainsi composé. En 2019, la parité, «un critère majeur» selon Thierry Frémaux, le délégué général de la manifestation, avait été atteinte entre les membres féminins et masculins.

Une décision qui s’inscrit dans la politique de diversité adoptée depuis quelques années par l’organisation du festival. Le cinéaste Spike Lee a ainsi été désigné président du jury de l’édition 2020, devenant le premier réalisateur noir à occuper cette fonction. «Nous étions stupéfaits de constater qu’aucun Afro-Américain n’avait jamais présidé le jury d’un grand Festival», confie d’aillleurs Aïda Belloulid.

Une palme d’or décernée à une femme depuis 1946

L’histoire de la Croisette n’a pas toujours favorisé la parité. Depuis le lancement du Festival en 1946, seule une réalisatrice a obtenu la Palme d’or (Jane Campion), contre 71 réalisateurs, et une palme d’honneur a été décernée à Agnès Varda pour l’ensemble de sa carrière. En soixante-douze ans d’existence du festival, douze femmes se sont vues attribuer la présidence du jury, la plus récente étant l’actrice Cate Blanchett.

L’édition 2018 avait été marquée par la montée des marches de 82 femmes issues de l’industrie cinématographique, référence aux quatre-vingt-deux films réalisés par des femmes invitées à concourir au Festival de Cannes depuis sa création – elles sont 89 aujourd’hui. Celles-ci souhaitaient dénoncer le manque de réalisatrices parmi la sélection officielle. En 2019, seuls quatre longs-métrages réalisés par des femmes figuraient dans la compétition, contre 21 films de réalisateurs.

Pour assurer une meilleure représentation des femmes au sein de l’événement, Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a signé en 2018 une charte en faveur de la parité, lancée par le collectif 50/50. Il s’était ainsi engagé à dévoiler la liste des membres du comité de sélection.

Ce comité de sélection arrive au moment propice pour le festival français, dans un climat de polémiques qui touche l’ensemble du septième art. Les Oscars ont été pointés du doigt pour leur manque de représentation et de diversité, l’académie des César a quant à elle démissionné collectivement à quelques semaines de la cérémonie 2020.

Reste à savoir si cette évolution au sein du comité de sélection cannois permettra d’inclure davantage de réalisatrices dans la compétition. Réponse en avril, lorsque la sélection sera dévoilée.

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