Festival de Cannes : la Française Julia Ducournau remporte la Palme d’or pour son film « Titane »

Artnewspress: La réalisatrice est la deuxième femme à décrocher le prestigieux prix, après Jane Campion, en 1993, pour « La Leçon de piano ». Pour cette 74e édition, le jury, présidé par Spike Lee, a également récompensé l’acteur américain Caleb Landry Jones et l’actrice norvégienne Renate Reinsve.

ui allait succéder à Parasite, du Sud-Coréen Bong Joon-ho, lauréat en 2019, avant le coronavirus ? Cette année, aucun favori ne se détachait nettement au terme de la 74e édition du Festival de Cannes – un cru d’une bonne tenue, qui comptait pas moins de 24 films en compétition officielle. Après délibération au sein d’un lieu tenu secret, le jury, présidé par le cinéaste américain Spike Lee – premier artiste afro-américain à occuper pareille fonction –, a pu lors de la cérémonie de clôture révéler son palmarès :

  • Palme d’or : Titane, de Julia Ducournau ;
  • Grand Prix : Un héros, d’Asghar Farhadi, ex aequo avec Compartiment no 6, de Juho Kuosmanen ;
  • Prix du scénario : Ryusuke Hamaguchi et Takamasa Oe, pour Drive My Car ;
  • Prix de la mise en scène : Leos Carax, pour Annette ;
  • Prix d’interprétation masculine : Caleb Landry Jones, pour Nitram ;
  • Prix d’interprétation féminine : Renate Reinsve, pour Julie (en 12 chapitres) ;
  • Prix du jury : Le Genou d’Ahed, de Nadav Lapid, ex aequo avec Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul ;
  • Palme d’or d’honneur : Marco Bellocchio ;
  • Palme d’or du court-métrage : Tous les corbeaux du monde, de Tang Yi ;
  • Caméra d’or : Murina, d’Antoneta Alamat Kusijanovic.
Le président du jury du 74e festival de Cannes, l’Américain Spike Lee, aux côtés de l’actrice française Mélanie Laurent, le 17 juillet 2021, lors de la cérémonie de clôture.

Le Festival de Cannes a frappé un grand coup en couronnant Julia Ducournau et son œuvre furieusement contemporaine, Titane – la Française devenant la deuxième réalisatrice de l’histoire du Festival à recevoir la Palme d’or.

Vingt-huit ans après La Leçon de Piano, de Jane Campion, première réalisatrice primée, le jury présidé par Spike Lee vient récompenser la benjamine de la compétition (37 ans). Le cinéaste new-yorkais avait par ailleurs gaffé en faisant cette annonce alors qu’il était censé annoncer le prix d’interprétation masculine…

Cannes envoie un signal majeur à travers ce palmarès

Palme d’or entre les mains, Julia Ducournau a chaleureusement remercié le jury d’avoir « reconnu le besoin avide et viscéral que nous avons d’un monde plus fluide et plus inclusif ».

« Merci au jury d’appeler à plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos vies et merci aussi au jury de laisser rentrer les monstres », a ajouté la réalisatrice française de 37 ans et grande fan de films d’horreur, en larmes sur scène.

Cannes envoie ainsi un signal majeur dans une industrie qui s’interroge plus que jamais, depuis quatre ans, sur la place des femmes en son sein et sur l’égalité entre les genres, dans le sillage de l’affaire Weinstein puis du mouvement #metoo.

Seules quatre réalisatrices étaient en compétition cette année, pour 24 films au total. En revenant à Titane, le prix le plus prestigieux récompense un cinéma transgressif et défricheur, empreint de féminisme. Le film de la Française, qui n’est pas destiné à tous les publics, mêle hybridation entre une femme et une machine, amour pour les voitures et quête de paternité. C’était là le film le plus violent de la compétition, qui aura fait tout sauf l’unanimité parmi les critiques. Julia Ducournau y met en scène une nouvelle venue bluffante, Agathe Rousselle, aux côtés de l’acteur français Vincent Lindon, qui campe un pompier sous stéroïdes.

La réalisatrice avait déjà laissé un souvenir mémorable à Cannes avec son premier long-métrage, Grave, une histoire d’étudiante en médecine vétérinaire qui devient cannibale, qui lui permettait de devenir la chef de file d’un renouveau du film de genre tricolore. De l’autre côté de l’Atlantique, elle a été adoubée par un maître de l’épouvante, M. Night Shyamalan.

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La cérémonie de clôture du 74e festival de Cannes, le 17 juillet 2021, présentée par la maîtresse de cérémonie, l’actrice Doria Tillier.

Les réalisateurs Leos Carax et Marco Bellocchio distingués

Le réalisateur français Leos Carax s’est, quant à lui, vu décerner samedi le prix de la mise en scène pour Annette, opéra-rock foisonnant et virtuose qui fait briller deux stars, Adam Driver et Marion Cotillard. Neuf ans après Holy Motors, Leos Carax remporte à 60 ans l’une des plus hautes distinctions cannoise pour ce feu d’artifice cinématographique, coécrit et mis en musique par le groupe américain Sparks, qui avait fait l’ouverture du festival, célébrant en grande pompe les retrouvailles du cinéma mondial.

Le cinéaste Marco Bellocchio a également reçu une Palme d’or d’honneur, qui vient couronner cinq décennies de carrière engagée. Le réalisateur italien avait par ailleurs présenté un documentaire très personnel n’épargnant ni l’armée ni la religion, Marx peut attendre, dans une sélection parallèle du Festival.

Après l’émotion du palmarès, la Croisette va pouvoir décompresser. Cannes projette en clôture et en avant-première la comédie française la plus attendue de l’été, OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire, signée Nicolas Bedos, avec Jean Dujardin, Pierre Niney et Fatou N’Diaye.

Hamid Turanpoor

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