Le film de la semaine: Merci pour tout ***

ROOZBEH JAFARI ARTNEWSPRESS: CRITIQUE / «Merci pour tout» a le bonheur de réunir deux des actrices les plus populaires au Québec. Et Julie Perreault et Magalie Lépine-Blondeau héritent de rôles consistants dans la peau de sœurs aux antipodes forcées de cohabiter le temps d’un périple pour répandre les cendres de leur père. Louise Archambault signe une comédie dramatique bien tournée et attachante.

La touche combinée de la réalisatrice du magnifique Il pleuvait des oiseaux et d’Isabelle Langlois, au scénario, marque une bienvenue rupture avec les comédies grasses et appuyées habituelles au cinéma québécois.

Le long métrage mise sur le naturel et l’évidente complicité des deux actrices pour cette proposition qui rappelle certains films des frères Coen (le génie en moins, cela dit avec respect).

Voyez-vous, le paternel de Marianne (Perreault) et Christine Cyr (Lépine-Blondeau) est un abonné aux magouilles. Il revient du Panama avec des photos compromettantes d’un escroc financier (Guy Nadon). Ce dernier a envoyé Réjean, son homme de main maladroit et malchanceux, pour récupérer les preuves, un rôle taillé sur mesure pour Robin Aubert.

Lorsque les sœurs décident de fuir leurs responsabilités pour se rendre aux Îles-de-la-Madeleine, sans connaître la «valeur» des photos, le petit truand les suivra à leur insu… Une belle source de quiproquos humoristiques.

L’intérêt réside toutefois dans la volonté de poursuivre en parallèle une exploration des relations tendues entre les frangines, en froid depuis un an, et de leurs failles.

Marianne, l’aînée, incarne l’image de la réussite — jusqu’à ce que son bel échafaudage menace de s’écrouler en raison d’une aventure avec un jeune homme. La bohème Christine se fait une spécialité de gâcher tout ce qui pourrait s’apparenter à du succès ou du bonheur.

Dans ce road-trip en forme de fuite en avant, Marianne et Christine tentent, maladroitement, de s’apprivoiser et d’assumer l’héritage paternel, au sens propre et figuré. Bref, de faire la paix avec le passé.

Louise Archambault a la sensibilité nécessaire pour rendre crédible cet aspect plus délicat du récit. Et le talent pour magnifiquement filmer, avec Yves Bélanger à la direction photo, les paysages hivernaux qui défilent.

La cinéaste utilise aussi à bon escient son doigté pour diriger ses actrices. Julie Perreault réussit à presque nous faire aimer la rigide Marianne. Magalie Lépine-Blondeau éprouve un plaisir manifeste à jouer sa chanteuse dont l’intégrité met des bâtons dans les roues de sa carrière. Elle interprète d’ailleurs bellement la chanson-titre du film, signée Ariane Moffat.

Tout n’est pas parfait. Un peu plus de mordant aurait été bienvenu. Et le personnage d’Aliocha Schneider, en amant de Marianne éperdu d’amour, s’avère complètement ridicule. Détonnant avec le reste, il devient une source majeure d’agacement.

Merci pour tout marque la première incursion d’Isabelle Langlois au cinéma. La scénariste des séries Rumeurs et Mauvais karma a indéniablement le sens du punch dans les dialogues et un certain rythme, mais il manque à son récit une ampleur cinématographique, des éléments qui laissent un souvenir indélébile.

Malgré tous ses bons moments, Merci pour tout ne marquera pas les esprits.

Au générique

Cote : ***

Titre : Merci pour tout

Genre : Comédie dramatique

Réalisatrice : Louise Archambault

Acteurs : Julie Perreault, Magalie Lépine-Blondeau, Robin Aubert

Classement : Général

Durée : 1h38

On aime : la complicité des actrices. La touche sensible de la réalisatrice. Les magnifiques paysages hivernaux.

On n’aime pas : le personnage du jeune amant. Un manque de mordant.

https://lesoleil.com

ÉRIC MOREAULT

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