Squid Game : l’incroyable succès du calmar sur Netflix

Artnewspress: C’est plus que la série du moment, c’est certainement la série la plus regardée sur la plateforme de streaming Netflix. Le jeu du calmar ou Squid Game ou encore Round Six, est une série télévisée composée de neuf épisodes d’une durée moyenne de 50 minutes (l’épisode 8 dure étrangement 30 minutes). Elle nous vient de Corée du Sud par le scénariste et réalisateur Dong-hyuk Hwang.

Le pitch est simple : plusieurs centaines de personnes issues de milieux défavorisés sont amenées plus ou moins contre leur gré sur une île au large du pays pour participer à des jeux mortels. Le vainqueur repartira avec une cagnotte de près de 50 millions de dollars. Si le jeu du calmar n’apparait qu’au début et à la fin, il est bon de rappeler qu’il s’agit à l’origine d’un jeu de garçon et qu’il était surtout pratiqué dans les années 70 et 80.

Le héros improbable de cette série qui puise son inspiration dans le roman Battle Royale de Koushun Takami s’appelle Seong Gi-hun, un chauffeur raté et divorcé qui vit chez sa mère et dépense l’argent emprunté à des mafieux dans les paris. C’est ce protagoniste que nous allons suivre tout au long des neuf épisodes. Son évolution est plutôt remarquable et on a aucun mal à s’identifier à ce père de famille qui cherche à amasser de l’argent par tous les moyens dans le but de retrouver la lumière dans les yeux de sa fille.

Mais il n’est évidemment pas seul et aura beaucoup de concurrents tous prêts à tous les coups bas pour rester le dernier survivant. On retrouve pêle-mêle un vieillard, un mafieux, une déserteuse nord-coréenne, une arnaqueuse, un immigrant pakistanais et bien d’autres.

Une critique acerbe de la société sud-coréenne

Si à première vue Squid Game est une série ultra-violente dont on se délecte, un second niveau de lecture apparait lorsqu’on gratte et s’intéresse un peu plus au contexte. Il faut savoir que la Corée du Sud est une société encore très patriarcale et traditionaliste. L’homme doit faire de bonnes études et avoir un bon travail. À l’image du Japon, il faut toujours préserver les apparences, la vérité pouvant apporter le déshonneur sur la famille.

C’est ainsi que la capture de ces gens défavorisés et pauvres que l’on rassemble dans un endroit loin des yeux et cachés de tous dépeint une réalité sud-coréenne : la pauvreté est mal vue et on ne saurait la montrer au grand jour dans ce pays ultra capitaliste et libéral. C’est d’autant plus vrai que la population est vieillissante avec des retraites de plus en plus maigres, obligeant les enfants à s’occuper de leurs parents outre-mesure.

On remarque également une hiérarchie directe et des clans qui se forment dès le début de la série. Parmi eux, Ali, le Pakistanais d’origine qui joue la carte du bon immigrant, car il sait qu’il ne sera jamais intégré à cette société très centrée sur elle-même. De plus, sa couleur de peau le relègue automatiquement à un citoyen de seconde voire de troisième zone de même que son handicap qu’il « doit cacher pour éviter de passer pour un faible » selon un autre personnage.

Idem pour les femmes qui sont de facto considérées comme des êtres faibles alors qu’elles sont les plus intelligentes, ingénieuses et charismatiques dans la série.

Du côté des antagonistes, on voit cette hyper hiérarchisation qui existe également dans les sociétés du pays. Une reproduction presque à l’échelle de ce qui se passe dans ces entreprises et des abus qui y ont cours.

Lost in translation

Cependant, même si on ne parle pas coréen et que l’on profite de la série avec les sous-titres, il faut savoir que ces derniers ne sont pas si fidèles. En cause, le timing et le budget hyper-serrés offerts aux traducteurs qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. D’après certains « coreanophiles », la disparité serait telle qu’on perd énormément en subtilité quand on n’a pas à faire à des contresens flagrants. C’est dommage et la faute incombe bien évidemment à Netflix qui exploite ces corps de métier pour toutes les langues.

Un succès qui n’est pas sans conséquences

Le succès de ce thriller grisant n’est pas sans conséquence pour Netflix. En effet, au vu de la popularité grandissante de son contenu, Netflix est attaqué en justice par un fournisseur d’accès Internet sud-coréen, SK Broadband, qui exige une compensation pour l’excès généré. On pourrait croire l’entreprise asiatique avide, mais ce serait oublier que c’est un procédé qui a cours aux États-Unis où la société américaine paye les fournisseurs d’accès locaux pour les excès. Il est normal qu’elle le fasse ailleurs.

Des origines humbles pour Squid Game

Selon son créateur, Dong-hyuk Hwang, Squid Game a été écrit en un an entre 2007 et 2008, mais a été rejeté par tous les studios qui ont eu le script entre les mains. En entrevue au Korea Times, M. Hwang confie : « Après environ une douzaine d’années, le monde a changé et est devenu un endroit où des histoires de survie violentes et particulières sont désormais les bienvenues ». Le scénariste aurait même dit que l’écriture du script avait dû être stoppée le temps qu’il vende son ordinateur portable avant de s’en racheter un plus abordable tant ses finances étaient serrées.

Rien d’étrange alors qu’on découvre deux séries similaires à un an d’intervalle sur la plateforme. L’an passé c’est Alice in Borderland, basé sur le manga du même nom et relecture libre d’Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll, qui nous tenait en haleine.

D’ailleurs avec l’Halloween qui arrive, c’est le bon moment pour se procurer des costumes d’homme de main ou autres inspirés de la série. Vous pouvez en trouver ici ou là.

Merci à Eujin et Fabien Collard pour les informations sur la Corée-du-Sud.

 

Antoine Clerc-Renaud

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