Comment je suis devenue amoureuse d’un calmar

Artnewspress: Je suis le genre de filles qui s’évanouit à la vue du sang, qui se cache les yeux quand les scènes sont trop « gores » au cinéma, quand la cervelle explose de partout dans les Tarantino ou les John Wick.

Mais depuis que j’ai commencé à regarder la série culte The Squid Game (Le jeu du calmar) sur Netflix, je ne sourcille même plus devant des tonnes d’hémoglobine qui se déversent à l’écran et quand de la matière grise revole sur les mur

Je ne suis pas devenue une psychopathe : c’est juste que cette série sud-coréenne absolument hallucinante est tellement pertinente, tellement percutante et tellement bien réalisée que la violence qui y règne ne me dérange même plus.

Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.

LE JEU DE LA MORT

Autour de moi, tout le monde ne parle que de ça : The Squid Game est en train de devenir la série la plus populaire de Netflix, plus que Lupin, plus que Casa de papel. Vous pensez que vous n’écouterez qu’un épisode et, comme devant un bol de chips, vous télévorez les neuf épisodes d’une traite.

Décidément : après m’avoir renversée avec le cinéma de Bong Joon-Ho (Parasite, Transperceneige), la Corée du Sud me jette à terre avec sa télévision.

Le jeu du calmar, c’est Hunger Games sur les stéroïdes. Une sorte de tournoi sadique où 456 hommes et femmes, criblés de dettes, s’affrontent pour s’éliminer les uns les autres et remporter un gros lot de 38 millions de dollars.

Ce qui est fascinant, et c’est là que le scénario est brillant, c’est qu’ils ne se battent pas avec des armes ou avec leurs poings, mais en jouant à des jeux… de cour d’école.

Vous vous souvenez quand on était petits et qu’on s’écriait « Pan, pan, t’es mort » ? Dans The squid Game, si vous perdez une partie de billes, vous recevez une balle dans la tête !

Cette série est darwinienne : les plus forts (mais surtout les plus intelligents, les plus stratégiques et les plus machiavéliques) survivent.

C’est une brillante et fine analyse de la psychologie humaine : Pourquoi certains joueurs s’allient entre eux ? Pourquoi un jeune est prêt à trahir un vieux ? Pourquoi l’être humain, quand il sait qu’il n’a plus rien à perdre, est prêt à jeter son prochain en bas d’une tour ? C’est cynique, lucide et terrifiant.

Hwang Dong-hyuk, qui a écrit le scénario et qui signe la réalisation, est un petit génie. Les revirements que l’on ne voit pas venir, la psychologie des personnages, les décors léchés, les images saturées : c’est une série d’auteur comme on parle de cinéma d’auteur.

Chacun des personnages oscille entre le mensonge et la trahison, ils ont tous quelque chose à cacher, quelque chose à prouver. Ce sont des personnages complexes… qui jouent à des jeux simples.

C’est ce contraste entre l’innocence des jeux enfantins et la violence de la vie d’adulte qui nous prend au cœur.

TÉLÉ EXTRÊME

Je déteste la violence à l’écran quand elle est gratuite. Mais ici, elle est pleinement justifiée.

Le réalisateur a déclaré : « Je voulais écrire une histoire qui serait une allégorie ou une fable de la société capitaliste moderne. Qui décrit une compétition extrême, comme la compétition extrême de la vie. »

Il a parfaitement réussi.

 

Sophie Durocher

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